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“Vous n’aurez jamais d’enfant naturellement”. C’est tombé comme un coup de massue sur ma tête. Vous voyez bien sur les analyses que vous n’ovulez pas. Vous voulez commencer le traitement quand ?”
Vanessa, maman d'un bébé de 19 mois
Même pas le temps de comprendre tous les mots qui m’agressent en même temps, que je suis déjà sur le pas de la porte avec des ordonnances, des analyses et des boîtes d’ovules plein les mains. J’y comprends rien. C’est violent, dur, pourquoi moi ? PMA. 3 lettres. 3 terribles lettres à digérer, 3 lettres avec qui je vais devoir vivre. Toute la vie.
Pas longtemps avant de m’unir avec le plus merveilleux des hommes, j’ai arrêté la pilule. Cette pote qui m’a accompagné 10 ans de ma vie et à qui j’ai été contente de dire goodbye pour de bon. Pas besoin d’elle pour devenir maman, qu’on me donne déjà des nouveaux comprimés à avaler tous les jours.
J’ai compris que mon corps ne fonctionnait pas comme il faut vraiment vite. Avant le mariage, je suis allée voir mon médecin pour faire des écho pelviennes. Je ne sais pas comme un truc, un 6e sens. J'ai filé chez mon gynécologue et j’ai bien fait. Je n’aurai jamais d’enfants naturellement. Mon corps n’a jamais été mon copain, mais de là à refuser de m’aider à devenir maman,, je vous avoue que ca a été dur à accepter. Entourée de copines déjà maman, j’ai dû les regarder annoncer leur grossesse comme si on tombait enceinte comme on fait cuire des pâtes en 6 minutes, al dente, top du premier coup. Moi, comme mes pâtes, il fallait que ça cuise, que ça mijote plus longtemps, vraiment plus longtemps pour que ça marche.
Si aujourd’hui j’ose prendre la parole c’est que longtemps cette PMA m’a vexée.
Elle m'a semblé être une punition. De quoi, je ne sais pas. Je l’ai mal vécue. J'ai eu honte. Car autour de moi personne ne comprenait ma douleur. Me gaver d'hormones, aller chez le gynécologue tous les 2 jours pour voir si des follicules voulaient bien grossir. Voir si l’un d'eux voulait bien devenir mature pour avoir le droit à la plus belle des piqûres d’hormones : celle de l 'ovulation. Et avoir le droit de continuer de manger mes cachets d'oestrogènes jusqu'à la prise de sang fatidique.Savoir si un bébé avait pu se nicher en moi, dans ce corps meurtri par les piqûres d’hormones.
La PMA est une épreuve dure, longue pour les couples, car on en embarque à 2.
Je mange tous les médicaments mais ma moitié mange des angoisses et des coups de mou tout autant que moi. Il faut se blinder. Faire face ensemble, serrer les coudes et avancer face aux “c’est pour quand le bébé”, "toujours rien à nous dire”, “tu approches 30 ans fais attention ca va devenir compliqué”. Sans déconné, compliqué ? je crois que je connais bien ce mot, mais pas sûr que toi tu comprennes.
Tu vis avec des hormones tout le temps en ébullition, jamais contentes, toujours actives, dans tous les sens. Dans ta tête c’est les montagnes russes. Tu uses des crises de larmes, tu uses des “j’arrête tout j’en peux”. Et en même temps, tu te rappelles que tu as un combat à mener. Tu promets à ce bébé qu'il va pouvoir se nicher, en toi, pendant des mois et que vous allez vivre une vie magnifique ensemble. Que tout sera beau. Mais quand ? Ca c’est pas toi qui décide, c’est ton corps, c’est la médecine. Tu ne peux rien contrôler. Mais tu as la rage, la rage de devenir maman, de t'accrocher. Tu n’es toujours pas maman mais tu as tous les traits de caractère déjà : battante, fidèle, amoureuse, aimante. Tu sais que tu vas y arriver.
Donner la vie est un combat pour bien plus de femmes que l’on croit. Mais ce combat, il ne faut jamais le lâcher.
Après des années de galère, cette PMA je l’ai vaincue, et j’ai eu le plus beau des cadeaux pour mes 31 ans. Un asticot nommé bonheur que j’aime plus que ma vie. Si l’on dit souvent qu’une fois bébé est là, on ne se souvient plus de toutes ces galères. Ce n’est pas vrai. Elle nous marque à vie et nous forge un caractère unique.