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« Toutes les femmes de ma lignée ont été touchées par le cancer du sein. Je me disais que ça ne m’arriverait pas à moi.
Je suis Séverine, j'ai 48 ans. Je suis mariée, j'ai 2 enfants.
Ma grand-mère est décédée à 40 ans, ma maman est décédée il y a 4 ans. Dans ce cadre là, j'étais prise en charge, extrêmement bien suivie puisque j’avais tous les ans une échographie, une mammographie, une IRM mammaire. »
« C’était lors d'une de ces consultations de routine à laquelle j'allais à reculons depuis tant d'années parce qu'à chaque fois j'avais la peur au ventre. Même si je sais que c'était pour sauver ma vie. Alors quand cette année, on m'a annoncé, à peine 4 ans après le décès de ma maman, que j'avais une tumeur cancéreuse, ça a été un choc, une douleur, beaucoup d'angoisse.
Je me disais que ça ne m’arriverait pas à moi. En plus, la 2e chose, c'est qu'elle était petite certes mais qu’elle était très très agressive donc du coup, j'allais devoir recevoir une chimiothérapie assez éprouvante. »
« La maladie devient un job à plein temps, on te donne d'ailleurs un planning et s'enchaînent tous les examens. Elle affecte bien sur notre vie professionnelle. J'y ai mis un stop parce que ça prenait tout mon temps.
C'est une période très trouble où on vit vraiment à côté de soi-même.
Socialement, ça change aussi beaucoup les choses. Il y a beaucoup de maladresses même si ce n’est pas conscient. Mais j'ai eu vraiment besoin pour trouver l'énergie de lutter à un moment, de m'isoler. C'était nécessaire pour me protéger. La vie des autres continue et ça il faut l'accepter, éviter la colère parce qu'elle nous fatigue et qu'on a besoin d’énormément d'énergie pour lutter.
Vous avez un petit noyau, des petites étoiles qui m'ont accompagnée tout au long et puis surtout et avant tout mon mari qui a été très présent et ça c'est une grande chance. C'est aussi très perturbant parce que mes enfants arrivaient aussi à des moments clés dans leur vie d'étudiant, de changements et cetera. Et moi j'avais peur et j'étais angoissée à l'idée de ne pas pouvoir les accompagner comme je le voulais. Ca me rendait triste. »
« … On a été aidé, mon mari a été très très présent. Mais les personnes les plus accompagnantes sont souvent pas celles qu'on soupçonne.
Ce sont des gens qu'on ne voyait pas forcément avant, mais des gens qui sont passés par là.
J’ai une amie de ma maman, qui est dans l'âge de ma maman, qui est passé par là et qui m'a dit « je serai là pour toi » et elle a été là dès premier rendez-vous et ça a beaucoup compté pour moi.
Je veux faire aussi une petite dédicace aux infirmières, aux infirmières libérales qui sont le cœur du réacteur de notre accompagnement chez nous, elles viennent au quotidien.
La mastectomie elle avait commencé à faire son chemin dans ma tête en disant « je n’ai pas forcément envie d'avoir la même histoire que ma grand-mère ou que ma mère ».
C'est dur de faire ce choix. Le fait qu'on m’est détecté cette tumeur, l'instinct de survie m'a fait dire « vas-y, fais-le ! »
J'en ai longuement parlé avec mon mari et j'ai cette chance que mon mari m'ai dit « je serai là pour toi quoi qu'il arrive. Ce qui compte c'est toi, c'est toi et les moments qu'on passera ensemble »
Du coup j'ai pris la décision et c'était bien clair pour moi dans ma tête. Ça n'a rien à voir avec le courage, ça a à voir avec l'instinct de survie de te dire « finalement ma vie ne va pas se résumer à une paire de seins, une paire d'ovaires mais au fait que je serai là et que je veux maximiser mes chances d'absence de récidive locale. Je veux maximiser mes chances de vivre. »
Du coup aujourd'hui, je m'habitue à ce corps. Ce n’est pas évident et ça va me prendre du temps. »
« Je leur dirais : parlez-en mais pitié n'écoutez pas tout. Pas de comparaison.
Le cancer du sein a des centaines de visages alors les phrases bateaux du style « L e moral ça compte à 90% » Ben non. Vous allez de temps en temps ne pas avoir le moral et ça c'est OK et ça ne nous empêchera pas de guérir.
Il n’y a pas de Wonder Woman. Tous les gens qui passent par ce processus savent à quel point c'est difficile, savent à quel point ce sont les montagnes russes, savent à quel point la vie a une saveur différente.
Et que oui, quand c'est terminé « Ah ben ça y est, tu as terminé ? » non ça ne sera jamais terminé parce qu’elle nous impacte dans notre corps, dans notre chair on sera forcément très différente mais très vivante. »
Merci Séverine pour ce touchant témoignage.
Pensez au dépistage précoce, à l'autopalpation et à en parler à votre médecin traitant en cas de doute. Soyez vigilante et prenez soin de vous et de votre santé.